LA GLANEUSE
Depuis 2008, Alice est confrontée à une baisse de revenu. Trente ans, diplômée en architecture d’intérieur et décoratrice dans l’audiovisuel, elle est directement touchée par les restrictions budgétaires de son milieu professionnel, dues à la dernière crise économique. Avant cette crise, Alice menait déjà une vie modeste. désormais, avec un salaire mensuel moyen de 1400 euros, même si elle est célibataire et sans enfants, elle doit réduire certains budgets. Il n’est pas question pour elle de déménager de son deux pièces parisien ou de réduire ses sorties : « J’ai privilégié l’habitat et ma vie sociale à mon assiette. ça peut paraître incohérent, mais c’est pour moi le socle d’une vie équilibrée. » Ce n’est pas la quantité qui change dans l’assiette d’Alice, mais la façon de faire son marché. Alice est devenue depuis la fin 2008 une « glaneuse ». Les glaneurs sont les gens qui ramassent de la nourriture à la fin des marchés. Un phénomène qui s’est étendu depuis la dernière crise (rapport du centre d’étude et de recherche sur la philanthropie - 2009). Le glanage touchait les plus nécessiteux, désormais il touche des travailleurs. « C’est à chaque fois 10 à 15 euros de gagné, cela fait environ 100 euros par mois. c’est une économie importante ! » dit Alice. Elle s’est vite habituée à ramasser des fruits et légumes à même le sol. Les regards indiscrets ne la gênent plus, mais elle ajoute tout de même : « j’espère que je n’aurai pas à faire ça toute ma vie ! »