Les neuf policiers municipaux se répartissent
dans trois véhicules. « Un établissement
a été administrativement fermé par
la Préfecture, précise le chef adjoint.
Pour des questions d’hygiène – absence
de nettoyage, mauvaise conservation
des aliments, souris… » Et pourtant,
le restaurant est bien ouvert. Derrière
le comptoir, le responsable refuse de
présenter sa pièce d’identité, affirme
avoir rendez-vous à la préfecture le
lundi suivant, insinue que l’action des
policiers est illégale, « vous allez voir,
avec mon avocat, ça va chercher loin ».
Les clients se sont tus et observent.
« Je ne fais que mon travail, Monsieur.
Vous devez être fermé, vous êtes ouvert.
L’infraction est constatée, vous recevrez
la notification bientôt. Bonne soirée. »
DES PARTICULIERS BRUYANTS
Cap sur des restaurants de la rue Sainte-Marguerite.
Les rideaux de fer sont baissés. « On
vérifie quand même, indique le policier. Il
nous est déjà arrivé de constater l’activité derrière
le rideau. » Mais ce soir-là, la musique
qui envahit la rue provient des fenêtres
grandes ouvertes d’un appartement. Trois
policiers s’engouffrent dans l’immeuble.
« Ce n’est pas moi. La musique, c’est lui »,
déclare l’occupant en désignant l’intérieur
de son logement. « Il faut lui dire de baisser
le volume, lui rétorque l’agent. Vous pouvez
écouter de la musique, mais on ne doit pas
l’entendre de la rue. »
NE PAS RELACHER LA PRESSION
Un restaurant exotique
est éclairé. Balai à la main, le patron prend
les devants : « on a fermé, je suis en train de
nettoyer; à l’intérieur, c’est ma famille. »
Il est plus de 23h. La tournée se poursuit à
travers les rues concernées par l’arrêté: SeptArpents,
Pré-Saint-Gervais, Charles-Nodier.
Rien à signaler. Les établissements sont bel
et bien fermés; la nuit, silencieuse. « Maintenant,
ils savent qu’on passe régulièrement,
explique le chef de la police municipale. Il
y a eu des PV, des fermetures. Le bouche-àoreille
est efficace aussi. Mais rien n’est jamais
gagné. Si on relâche la pression, les nuisances
repartent de plus belle. » La tranquillité ?
Un ouvrage que les policiers ne cessent de
remettre sur le métier.